Sans surprises, la troisième phase des élections municipales au Liban-Sud s’est terminée sans véritable modification des rapports de forces politiques dans la zone méridionale du pays. Près de 355.000 électeurs se sont rendus aux urnes pour élire 257 conseils municipaux et leurs moukhtars, dans les cazas de Tyr, Saïda et Jezzine, ainsi que dans les quatre cazas de Nabatiyeh, Bint-Jbeil, Hasbaya et Marjeyoun.

Un vieillard soutenu par deux hommes dans l’un des centres de vote.

Très mouvementée à Saïda, où les Hariri ont remporté la bataille après la déconvenue enregistrée en 2004, la journée électorale s’est déroulée dans le calme à Jezzine où le CPL a raflé la mise, confirmant sa victoire de juin dans le caza. De son côté, le tandem Amal-Hezbollah a, comme prévu, remporté la mise dans les régions chiites.

Mme Bahia Hariri votant.

Oussama Saad déposant son bulletin dans l’urne.

Incidents à Saïda
Contrairement aux deux premiers rounds, la consultation populaire dans le chef-lieu du Liban-Sud a été mouvementée. En effet, quadrillée entièrement par la police et les militaires, la capitale du Sud s’est transformée, dimanche dernier, en véritable caserne. Déployés sur le terrain quatre jours à l’avance en prévision d’éventuels débordements, des bataillons entiers formés de forces spéciales, des FSI et de l’Armée, ont dû intervenir à maintes reprises, afin de séparer les partisans des Hariri de ceux d’Oussama Saad, chef de l’Organisation populaire nassérienne.
D’ailleurs, depuis que les tentatives de consensus ont échoué, les incidents se sont multipliés dans la ville. Cela dit, la journée électorale a été marquée par une tension extrême. Plusieurs rixes, des batailles au couteau et de jets de bâtons de dynamite ont été enregistrés. En effet, à chaque fois que les partisans du Courant du futur se retrouvaient à proximité des hommes de M. Oussama Saad, la tension montait d’un cran et les incidents sécuritaires éclataient. C’est le cas lorsqu’un affrontement a eu lieu à l’école technique de Saïda, où devait se présenter l’ancien député pour voter.

Edmond Rizk votant à Jezzine.

Affluence des électeurs dans les bureaux de vote.

Saad accuse…
A savoir, aussi, qu’en fin d’après-midi, peu avant la fermeture des bureaux de vote, un incident a éclaté au cours duquel des couteaux ont été utilisés faisant trois blessés. Au total, plus de cinquante personnes impliquées dans divers incidents ont été interpellées par l’Armée.
M. Oussama Saad a accusé les forces de l’ordre d’être “intervenues en faveur du camp des Hariri”. Il a, également, accusé la liste concurrente de malversations, évoquant l’achat de voix et les pressions politiques. Cependant, l’atmosphère tendue n’a pas empêché les habitants d’aller voter, le taux de participation ayant avoisiné les 56% à la fermeture des bureaux de vote. Néanmoins, la bataille s’est achevée par la victoire de la liste de Mohamed Saoudi, soutenue par le Courant du futur et la Jamaa Islamiya. Rappelons qu’en 2004, l’alliance entre les deux principaux pôles traditionnels de la ville, les Saad et les Bizri, ont permis de remporter les élections contre les Hariri.

Les incidents sécuritaires n’ont pas empêché les citoyens à voter.

Ahmad Hariri sortant de derrière l’isoloir.

Match serré à Jezzine
La seconde grande bataille s’est déroulée à Jezzine où le CPL a battu à plate couture ses rivaux. Dans la ville où les tentatives de former une liste consensuelle ont échoué, deux listes se sont opposées pour le pourvoi aux dix-huit sièges municipaux et la désignation de cinq moukhtars. La première est appuyée par le Courant patriotique libre (CPL) auquel s’est joint M. Camille Farid Serhal, colistier de l’ancien député Samir Azar au cours des législatives de 2009. Face à cette liste, celle appuyée par le parti Kataëb, les Forces libanaises, MM. Samir Azar ( proche de Nabih Berri) et Fawzi el-Asmar.
Cela dit, tous les villages du caza de Jezzine ont connu des batailles électorales, que ce soit à Bkassine deuxième localité chrétienne en importance du caza, Roum, Maknouniyé, Kfarhouné, Aytoulé, Aray, Sfaray et d’autres. Des 28 municipalités du caza, le CPL a raflé 21.

Le tandem Amal-Hezbollah renforce son assise
Par ailleurs, excepté Saïda et deux villages du caza de Tyr où des incidents se sont produits, c’est dans une atmosphère sereine et bon enfant, que les municipales se sont déroulées. Une nette affluence a été observée dans plusieurs régions. Cela est dû au fait, qu’en dépit de la coalition Amal-Hezbollah, des listes rivales complètes ou incomplètes, ont été formées dans de nombreux villages par les partis et les familles, ce qui a poussé les électeurs à se rendre massivement aux urnes. En moyenne, le taux de participation au Liban-Sud a avoisiné les 60%.
A Bint-Jbeil, la liste de la coalition Amal-Hezbollah a remporté facilement le scrutin. Dans les villages de Zahrani, c’est le même scénario qui s’est produit. Dans le village de Zrariyé, à titre d’exemple, deux listes se sont opposées. Une première complète, composée de la coalition Amal-Hezbollah et des familles et une seconde, incomplète, formée de partisans du Parti communiste et du Baas, en plus des familles.
A Arzi et à Kharayeb, la rivalité familiale a atteint son paroxysme, de sorte que le tandem Amal-Hezbollah s’est retiré de la bataille. Au nord de Nabatiyé, des candidats indépendants ont mené la bataille contre les listes soutenues par les deux formations chiites, dans les villages de Yohmor et d’Arnoun.
Dans les localités de Marjeyoun, c’est le caractère familial qui a également prévalu, sachant que les conseils municipaux de neuf bourgades ont été élus d’office.
A Jdeidet Marjeyoun, qui compte 6.500 électeurs, 27 candidats se sont disputés les 15 sièges du conseil municipal dans le cadre de deux listes, dont une seule est complète. A Deir Mimas, deux listes complètes se sont affrontées après que les partis en présence, le CPL, le PCL et le PSNS, eurent échoué à former une liste d’entente. Idem à Ebl el-Saki et à Blat.
Dans le caza de Tyr, la journée électorale a été perturbée par deux rixes. L’une a eu lieu dans le village de Ramadiyé, entre des partisans de la liste consensuelle Amal-Hezbollah et d’autres de la liste soutenue par les Khalil. Deux personnes ont été blessées au cours de lancer de pierres et de bouteilles vides. L’autre s’est produite dans le village de Chamah où trois personnes ont été arrêtées pour atteinte à l’ordre public. L’armée a intensifié ses patrouilles dans le caza. Mais dans la ville même de Tyr, où le conseil municipal de la ville a été élu d’office, suite à l’intervention des forces politiques et des notables qui ont réussi à convaincre les candidats indépendants à se retirer de la bataille, les électeurs n’ont élu que les moukhtars.