Jackie Kennedy, un regard amoureux pour JFK, mais critique et impitoyable envers les grands de ce monde

Une voix soudain ressuscitée et qui s’était tue pendant 47 ans, depuis le jour où Jackie Kennedy, Première dame des Etats-Unis, confiait “nos meilleures années” au cours de huit heures et demi d’entretiens enregistrés, à l’historien Atrhur Schleisinger Jr. conseiller de JFK et ami de la famille. Elle remettait ces “conversations” datant du printemps-été 1964 à sa fille Caroline qui déciderait de la date de leur diffusion. A l’approche du cinquantenaire de la présidence de John Fitzgerald Kennedy, Caroline en a ainsi décidé la publication. Ces conversations sont désormais réunies dans un livre “Ma vie avec John Fitzgerald Kennedy, Jacqueline Kennedy” qui sera bientôt publié aux éditions Flammarion en France.

photo Jackie et JFK, un couple mythique.

photo Un moment de détente pour Jackie Kennedy.

First Lady de 1960 à 1963, Jacqueline Bouvier Kennedy formait avec JFK un couple mythique qui séduisait par sa beauté, sa jeunesse, son charme et la puissance que lui conférait la Maison-Blanche, la planète entière. Le monde les suivait pas à pas. Les toilettes de Jackie Kennedy étaient commentées, imitées et les discours du beau JFK multipliant les conquêtes et les aventures annonçaient un monde nouveau qui a subitement sombré le 22 novembre 1963, avec son assassinat à Dallas où il se trouvait en tournée électorale. Les images de Jackie penchée sur son époux, relevée avec des taches de sang sur son tailleur Chanel; puis, suivant dignement toutes les cérémonies des funérailles, ses enfants Caroline et John-John à ses côtés, sont restées dans toutes les mémoires. Le mythe Kennedy n’est pas près de s’estomper.
Jackie a fortement grandi au cours de ces journées d’épreuve nationale. Cependant, son remariage avec l’armateur grec Aristote Onassis a brisé la légende et Jackie s’est révélée être une femme comme les autres, alors qu’elle avait eu une stature nationale et internationale. Revenue s’établir à New York après le décès de son époux, elle meurt en 1964 d’un cancer généralisé.
Mais ces conversations enregistrées- phénomène rare, car Jackie ne donnait quasiment pas d’interviews à part quelques exceptions- lui redonnent l’auréole perdue et c’est une Jackie amoureuse qui se raconte et raconte un homme dont l’ombre plane toujours sur sa vie et celle de ses concitoyens. Elle révèle ainsi des détails sur la vie quotidienne et les habitudes de son célèbre époux. Par exemple, on ne savait pas qu’il faisait en pyjama une sieste quotidienne de 45 minutes à l’instar de Churchill son héros qui l’impressionnait tant, mais qui l’a fortement déçu quand avec l’âge il était devenu “gaga”. Autre révélation, la prière du soir de trois secondes que faisait JFK au pied de son lit.

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Caroline Kennedy, du temps où elle avait tenté de succéder à son oncle feu le sénateur Edward Kennedy.

Jackie raconte certains moments de grande épreuve vécus aux côtés de son mari, tels la désastreuse opération de la baie des Cochons lancée en 1961 par la CIA avec l’accord du président contre le régime de Castro. “Il est revenu à la Maison-Blanche jusqu’à sa chambre et il s’est mis à pleurer, juste avec moi. C’était si triste, à cause de ses 100 jours et tous ses rêves et tout à coup cette horrible chose qui arrivait”. Autre moment de détresse: la crise des missiles de Cuba en 1962, alors que les Etats-Unis craignaient une menace nucléaire soviétique. Jackie supplie JFK de ne pas l’envoyer à Camp David: “Je veux être sur place s’il y a une attaque, l’a-t-elle imploré et mourir avec toi, les enfants le veulent aussi”.
Une autre révélation de ces conversations, c’est le regard impitoyable porté par Jackie envers les grands de ce monde et le langage cruel qu’elle utilise souvent à leur égard. Ainsi, dit-elle du général de Gaulle: “De Gaulle était mon héros quand j’ai épousé Jack”. Mais De Gaulle est un “égocentrique” et un “homme venimeux”. Jackie qui a des origines françaises et qui avait tant séduit les Français lors d’un voyage officiel en mai 1961 à Paris, dit de ces derniers: “Je déteste les Français. Ils ne sont pas très aimables, ils ne pensent qu’à eux-mêmes”. Par ailleurs, elle sape le mythe de Martin Luther King en disant que c’est un “hypocrite”, un “maniaque sexuel” qui trompe sa femme, - “Je ne peux pas voir une photo de Martin Luther King sans penser que ce type est épouvantable” - celui de Franklin Roosevelt que JFK considérait comme “un charlatan qui faisait beaucoup d’effet”. Quant à Indira Gandhi, elle l’esquinte à son tour: “C’est une femme amère et désagréable”. Elle ne portait pas non plus dans son cœur, à l’instar de son mari, le vice-président Lyndon Johnson qui allait lui succéder: “Oh! mon Dieu, lui disait-il, peux-tu imaginer ce qui arriverait au pays si Lyndon Johnson (à l’énorme ego) était élu président?”
Et ainsi de suite. Les lecteurs vont se précipiter sur ce livre qui révèle la face cachée d’une First Lady pas comme les autres.

Article paru dans "La Revue du Liban" N˚4333 - DU 24 SEPTEMBRE AU 1ER OCTOBRE 2011
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