INTERVIEW EXCLUSIVE DU PREMIER MINISTRE DU CANADA
JEAN CHRETIEN
“LES REVES ET LES ESPOIRS DES IMMIGRANTS FORMENT LE TISSU DONT EST FAIT LE CANADA”
Jean Chrétien, une longue carrière politique qui a commencé en 1963 par son entrée à la Chambre des communes comme député de Saint-Maurice Laflèche.
Il n’existe pas de distances entre les hommes politiques et les citoyens au Canada, entre ceux-ci et les divers services administratifs où la courtoisie est de règle et le respect de l’individu une priorité. Par delà la déférence que l’on doit au Premier ministre du Canada M. Jean Chrétien, on se sent tout proche de lui tant il se montre en toute circonstance simple, chaleureux, avenant. C’est donc tout simplement qu’il a répondu à nos questions, nous enrichissant d’une vision panoramique globale touchant certains problèmes d’une brûlante actualité comme celui de la souveraineté du Québec qui agite la classe politique canadienne, la crise économique et les signes de relance, l’immigration au Canada, l’apport des Libanais et des autres communautés à tous les secteurs de la vie canadienne. Il a également évoqué certains mouvements qui transforment le monde et l’entrée du Canada dans le XXIe siècle. Suivons donc celui que le député Mac Harb présente comme “le meilleur Premier ministre que le pays a eu depuis bien longtemps” à travers “ce projet magnifique qu’est le Canada.”
CE PROJET MAGNIFIQUE QU’EST LE CANADA
- Votre expérience du pouvoir: difficultés, vicissitudes, exaltation - que vous a-t-elle apporté?
“Le gouvernement que je dirige est au pouvoir depuis trois ans (élections générales du 25 octobre 1993). Etre Premier ministre d’un pays aussi dynamique et diversifié que le Canada, c’est participer à une grande aventure où les satisfactions abondent. C’est avoir le sentiment que son action conjuguée à celles de tous les membres de notre équipe de ministres et de députés contribue à l’évolution de ce projet magnifique qu’est le Canada.”
- Sur le plan économique, le Canada est lié aux Etats-Unis et au Mexique par les accords de l’ALENA, mais à diverses occasions, il a manifesté sa solidarité avec l’Europe, notamment au sujet de la loi Helms-Burton anti-cubaine et la loi d’Amato sanctionnant les entreprises occidentales traitant avec la Libye et l’Iran pour plus de 40 millions de dollars US. Seriez-vous plus proche de l’Europe que de l’Amérique?
“En ce qui a trait aux lois Helms-Burton et d’Amato, il s’agit d’une question de principe plutôt que de solidarité avec l’Europe. Dans les deux cas, le Canada s’est objecté à l’application extraterritoriale de lois américaines, lois qui ont pour effet de punir des tiers et, en particulier, des pays alliés. En revanche, le Canada a donné son plein appui aux Etats-Unis lorsque le président Clinton a décidé d’intervenir contre Saddam Hussein au nord de l’Irak. Vous voyez, donner l’exemple, est une chose; imposer sa propre volonté, en est une autre. C’est pourquoi, le Canada a adopté les mesures convenues dans le cadre des Nations unies à l’égard de la Libye. Nous estimons que c’est par la voie multilatérale que l’on est mieux à même de mettre au point des mesures efficaces, sans pour autant nuire aux relations avec les pays qui partagent nos valeurs. Aussi, faut-il ajouter que le Canada avait déjà pris des mesures strictes de sorte que ses relations commerciales avec l’Iran et la Libye ne puissent d’aucune façon contribuer à la fabrication d’armes nucléaires, biologiques ou chimiques.
- Le Canada se sent-il concerné par les élections présidentielles américaines? Aimeriez-vous traiter avec un président que vous connaissez déjà plutôt qu’avec un nouveau président?
“Bien sûr, le Canada s’intéresse vivement aux élections présidentielles américaines. Non seulement s’agit-il de notre plus important marché d’importation et d’exportation, mais aussi les Etats-Unis partagent bon nombre de nos valeurs et de nos politiques, à la fois économiques et sociales. “Pour ce qui est de la deuxième question: est-ce une façon détournée de me demander quel candidat je souhaite voir à la présidence? Vous comprenez sans doute qu’il irait à l’encontre de la diplomatie pour moi de répondre à cette question. Ceci étant dit, le Canada jouit d’excellentes relations avec le gouvernement actuel des Etats-Unis. D’un côté comme de l’autre, les relations sont avantageuses. Aussi, avons-nous toutes les raisons de croire que nos relations continueront en ce sens, quel que soit le candidat qu’élira la population américaine à la présidence. (1)”
LA PIERRE ANGULAIRE DE NOTRE CROISSANCE ECONOMIQUE
- Le Canada est-il toujours en récession? Quelles sont les mesures envisagées pour la reprise économique?
“La récession au Canada s’est terminée au début de 1991. Depuis octobre 1993, il a vu son économie s’accroître de 2,4% annuellement et la création de 669.000 nouveaux emplois. En outre, nos exportations de marchandises ont atteint des niveaux record - nous permettant d’afficher (au deuxième trimestre de 1996) notre premier excédent au compte courant depuis 1984. Alors, bien que nous souhaitions une croissance encore plus importante, l’économie canadienne se porte très bien. “Dès le départ, mon gouvernement s’est attelé à une tâche prioritaire: assainir les finances publiques. Des années de folles dépenses avaient servi à faire monter en flèche les taux d’intérêt et à sans cesse alourdir le fardeau fiscal; nous nous devions de prendre les moyens du bord pour renverser la vapeur. Ainsi aujourd’hui, nous affichons trois années consécutives de baisse au chapitre de nos dépenses, tandis qu’aucun de nos trois budgets à date n’ait inclus de hausse du taux d’imposition des particuliers. “En outre, nous avons pris l’engagement de maintenir un taux d’inflation entre 1 et 3 p.100. Non seulement y parvenons-nous, mais aussi réussissons-nous à le maintenir bien en-dessous des taux d’inflation américains. Par conséquent, la compétitivité du Canada, surtout par rapport aux Etats-Unis, s’est considé-rablement accrue. Les taux d’intérêt à court terme se situent, actuel-lement, bien en-dessous des taux américains pour la première fois depuis le début des années 80. Le Canada présente donc un environnement propice à la croissance, à l’inves-tissement et à la création d’emplois. “Autre bonne nouvelle: d’ici à la fin de l’exercice en cours, le déficit annuel fédéral aura chuté à 3p. 100 du Produit intérieur brut (PIB), soit la moitié de ce qu’il était en 1993-1994. Et nous prévoyons un déficit de seulement 2p. 100 l’an prochain. Bien entendu, équilibrer le budget demeure notre objectif. “Je tiens à souligner quelques autres aspects de notre stratégie: la réforme du programme d’assu-rance-chômage que l’on appelle, à présent, assu-rance-emploi et qui favorise activement la création d’emplois; les mesures de débureaucratisation de l’appareil gouvernemental; d’importants inves-tissements dans le perfectionnement des aptitudes, notamment en haute technologie et dans la promotion des affaires. “Mais c’est la conjugaison de notre discipline budgétaire au strict contrôle des taux d’intérêt qui constitue la pierre angulaire de notre croissance économique future. Et il semble que l’on soit sur la bonne voie, car d’après les conjoncturistes, l’OCDE et le FMI, le Canada devrait afficher l’un des meilleurs taux de croissance parmi les pays du G7 en 1997.”
UNE STRATEGIE PRAGMATIQUE
- Au lendemain du référendum sur la souveraineté du Québec, vous aviez annoncé une série de mesures. Celles-ci sont-elles suffisantes pour faire abandonner aux souverainistes leurs velléités d’indépendance?
“Nous croyons qu’en changeant le fonctionnement de la fédération, en mettant fin aux querelles fédérales-provinciales et en rapprochant tous les Canadiens des centres de décision, les Québécois ne sentiront pas la nécessité d’organiser un troisième référendum. “Pour atteindre cet objectif, le gouvernement a adopté une stratégie pragmatique et procède au renouvellement de la fédération canadienne étape par étape, afin qu’elle corresponde davantage aux aspirations de tous les Canadiens. “Concrètement, cela signifie redéfinir et clarifier les rôles et les responsabilités des différents ordres de gouvernement; transférer aux instances provinciales certaines responsabilités qu’elles sont mieux en mesure d’assumer; agir en concertation avec les provinces et réaliser des modifications constitutionnelles au moment opportun. “D’autre part, afin de reconnaître la volonté de changement exprimée par les Québécois, notre gouvernement a adopté une résolution qui reconnaît le Québec comme une société distincte et nous avons adopté un projet de loi qui nous assure qu’aucun amendement constitutionnel ne peut être apporté sans le consentement du Québec, de l’Ontario, de la Colombie-Britannique, des Prairies et des régions de l’Atlantique. «Nous continuerons à travailler en coopération avec les provinces et territoires pour répondre aux besoins et aspirations de tous les Canadiens, y compris les Québécois. Nous croyons fermement qu’avec cette approche nous réussirons à réconcilier les Canadiens.»
- Dans le cas où le Québec serait souverain un jour, l’intégrité territoriale du Canada serait-elle menacée?
«C’est au sein du Canada que le Québec jouit d’une protection qui garantit l’intégrité de son territoire - garantie qui a été enchâssée dans la Constitution actuelle en 1982 par le ministre fédéral de la Justice de l’époque, le Premier ministre actuel. «La sécession du Québec comporterait d’horribles conséquences, lesquelles seraient impossibles à prévoir. Et il est illusoire de penser que cette réalité ne s’appliquerait pas, également, aux questions d’ordre territorial. «Pour notre part, nous croyons qu’il est plus constructif de travailler de concert avec les provinces afin de renouveler la fédération canadienne, afin d’éviter qu’il y ait un troisième référendum et nous tendons la main à M. Bouchard pour que nous puissions ensemble améliorer la croissance économique et la stabilité politique du Canada.»
LA PRESENCE DES «CANADIENS D’ORIGINE LIBANAISE»
- Avez-vous eu des collaborateurs libanais ou fils de Libanais? Comment définissez-vous votre expérience à ce niveau?
«Sans m’être véritablement attardé sur la question, mes collaborateurs et collaboratrices sont d’origines diverses et, en ce sens, ils correspondent bien à l’image de notre pays dont le patrimoine repose sur la contribution de ses Premières nations, ainsi que de tous ceux et celles qui sont venus d’ailleurs bâtir un avenir meilleur au Canada.»
- Etes-vous satisfait de l’apport des immigrants libanais aux divers échelons de la vie au Canada? Estimez-vous que leur intégration est totale?
«Si vous me permettez, je préfère le terme «Canadiens d’origine libanaise». A mon avis, quand quelqu’un émigre au Canada, c’est qu’il veut devenir Canadien, pas simplement un immigrant. Alors, en ce qui concerne leur apport au sein de la société canadienne, on ne pourrait souhaiter mieux. En dépit de leur nombre encore relativement faible, car on en dénombre seulement 250.000 environ, leur présence procure au Canada une richesse considérable aux plans culturel, économique et social, y inclus de la politique canadienne. En effet, on se souviendra de l’ancien Premier ministre de l’Ile-du-Prince-Edouard, Joe Ghiz, sans oublier que plusieurs députés fédéraux et provinciaux actuels sont d’origine libanaise.»
- Quels sont les principes de base qui guident la politique canadienne de l’immigration? La multiplication des ethnies, leur diversité, leurs anta-gonismes peuvent-ils entraver leur fusion au sein de l’entité canadienne où l’apport externe risque de submerger l’identité profonde?
«La politique nationale d’immigration repose sur quatre principes: la nécessité de définir la composition de la société canadienne; l’obligation de contrôler l’accès au Canada; le désir de tirer le maximum des mouvements de population dans le monde et la responsabilité de protéger les réfugiés au pays et à l’étranger. «Le Canada est un pays d’immigrants venus ici pour refaire leur vie. Par le fait même, ils ont aidé à y créer quelque chose de très précieux. Le Canada sait l’importance de la diversité et nous croyons fermement que la variété des cultures et croyances est un enrichissement pour le pays. Les rêves et espoirs des immigrants forment le tissu dont est fait le Canada. Les optiques et idées nouvelles nous aident à mûrir. La politique d’immigration du Canada encourage la poursuite de ce processus d’édification.
Jean Chrétien en réunion de travail avec Mac Harb député d’Ottawa centre.
LE CANADA PARTICIPE AUX EFFORTS DE PAIX DANS CETTE REGION
- Dans quelle mesure le Canada participe-t-il à la reconstruction du Liban? Quelles sont les mesures concrètes adoptées à ce sujet? Malgré le retour de la paix, les investissements n’affluent toujours pas au Liban.
«Le Canada contribue pour 2 millions de dollars, annuellement, aux projets de reconstruction au Liban par le biais d’un programme bilatéral d’aide au développement. Un million de dollars est fourni en aide humanitaire et en reconstruction par le biais d’organismes non gouvernementaux. Et tous les ans, nous donnons à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de la Palestine, la somme de 11 millions de dollars, dont plus du dixième sert au travail de cet organisme au Liban. Nous tentons actuellement de déterminer si nous devrions accroître cette aide. “En avril dernier, le Canada s’est joint à un nouveau groupe consultatif international pour le Liban. Ce groupe doit se réunir à Washington. L’un de ses principaux objectifs est de rehausser la confiance en l’économie libanaise. “Il ne fait aucun doute que la réduction des tensions politiques au Liban ne peut qu’y stimuler la croissance économique et y améliorer les conditions de vie. Le retour à la stabilité politique au Liban, qu’a récemment signalé la tenue d’élections parlementaires, devrait inciter davantage d’entreprises canadiennes à exploiter les marchés libanais et de s’y créer des partenariats. “Le gouvernement du Canada encourage présentement le secteur privé à se tailler une place sur les marchés du Liban. Comme preuve concrète que nous croyons que le Liban est passé à une ère nouvelle, le Canada a rouvert son ambassade à Beyrouth l’an dernier. Qui plus est, la Société canadienne pour l’expansion des exportations a mis en réserve 40 millions de dollars pour le secteur privé canadien et 40 millions de plus pour le secteur privé au Liban. “Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce extérieur mène un groupe de travail en vue de coordonner nos efforts de promotion du commerce et de l’investissement au Liban. Cette approche conjointe a déjà commencé à porter ses fruits. Des délégations canadienne et libanaise ont entrepris en septembre une première ronde de négociations à Ottawa, en vue de mettre au point une convention de double imposition et un accord sur la protection des investissements étrangers - qui, soit dit en passant - sera une première entre le Canada et un pays arabe. “En juillet dernier, le ministre des Affaires étrangères, M. Axworthy, a annoncé la création d’un groupe de liaison et de consultation composé de chefs de file de la communauté canadienne des affaires, en vue de solliciter leurs avis et conseils sur les meilleurs moyens de participer à la reconstruction du Liban. Le député Mac Harb a été nommé à la tête du groupe. Je suis impatient d’entendre ce que M. Harb et son groupe recommanderont pour que le Canada soit mieux à même de contribuer aux efforts de reconstruction au Liban”.
- Le Canada est-il partie prenante à la solution du problème proche-oriental? Le processus de paix dans la région a-t-il subi un sérieux revers avec l’arrivée au pouvoir du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu?
“Il faut se rendre à l’évidence que le processus de paix au Proche-Orient a subi un ralentissement depuis la tenue des élections en Israël. Cependant, je n’ai aucun doute que tous les pays en cause ont la volonté ferme et engagée d’établir une paix durable dans l’ensemble de la région. Aussi, le Canada continuera-t-il à faire ce qui est en son pouvoir pour faire avancer ce processus, par l’intermédiaire à la fois de notre participation aux négociations multilatérales, de nos multiples programmes d’aide et de notre contribution aux forces internationales de maintien de la paix. Vous savez, cela fait presque 50 ans que le Canada participe aux efforts internationaux de paix dans cette région. Même que le prix Nobel de la Paix a été accordé au Premier ministre de l’époque, Lester B. Pearson, pour son rôle de premier plan dans la crise du canal de Suez en 1956”.
L’ESPRIT QUI AIDERA LE CANADA A ENTRER FIEREMENT DANS LE XXIe SIECLE
- Au XXIe siècle, l’écart va-t-il encore s’accentuer entre les pays riches et les pays pauvres?
“Je ne le crois pas. Je suis optimiste, car des progrès importants ont été réalisés. Dans les années 90, les pays en développement ont contribué pour 70% de la croissance du PIB mondial et pour 50% de la croissance du commerce mondial. Nous avons vu l’entrée de plusieurs pays, notamment des pays d’Asie, dans les rangs des pays à revenu plus élevé. Le succès de ces pays est attribuable à leur politique d’intégration internationale, leur épargne élevée, la priorité qu’ils accordent à la santé et à l’éducation,et à leurs politiques macro-économiques stables. Ces pays sont maintenant les plus importants récipiendaires des flux d’investissements privés dans le monde! “Cela demeure, néanmoins, le problème des pays les plus pauvres, notamment en Afrique qui risquent d’être marginalisés et ne participent pas pleinement à l’économie mondiale. J’ai abordé cette question au sommet du G7 à Halifax en 1995 et au sommet du G7 à Lyon en juin dernier. Les participants y ont convenu que les pays dits “riches” doivent concentrer leurs efforts de coopération sur les pays les plus pauvres. “Pour ce qui est du Canada, nous sommes pleinement engagés dans la lutte contre la pauvreté dans les pays les plus défavorisés. Vous vous souviendrez peut-être que le Canada a annulé toute la dette d’aide publique au développement que lui devaient les pays les plus pauvres et que nous faisons partie des pays qui, au sein du G7 et ailleurs, prônent une solution durable au problème d’endettement de ces pays. En outre, je suis optimiste que nous pourrons bientôt mettre les institutions financières internationales à contribution. “Dans d’autres domaines, aussi, nous sommes actifs. Notre coopération est entièrement sous forme de dons et la part du lion est réservée aux pays les moins fortunés. Nous avons récemment réformé notre système de droits de douane préférentiels à la faveur des pays en développement. “Mais il faut se garder de sous-estimer les obstacles qui jonchent la route. Il faudra faire appel à un véritable partenariat entre les pays favorisés et les pays pauvres; un partenariat impliquant des efforts de chaque côté. Chacun doit prendre ses responsabilités et mettre en place les politiques nécessaires pour attirer les investissements et le commerce, qui sont créateurs d’emplois. Aussi, faut-il s’assurer de minimiser les dépenses non-productives, y compris notamment les dépenses militaires. “Autre aspect critique: le développement économique ne peut pas être dissocié des questions de droits de la personne, du statut de la femme et des enfants et de la démocratie. C’est pourquoi, le Canada souhaite voir la multiplication des progrès réalisés par l’intermédiaire d’organismes multilatéraux tels que les Nations unies, l’OCDE, le Commonwealth, la Francophonie, l’OUA et d’autres”.
- Comment envisagez-vous l’entrée du Canada dans le XXIe siècle?
“Le Canada se construit au jour le jour, une étape après l’autre. Cela a toujours été comme cela et il continuera à en être ainsi. C’est la technique des petits pas, des changements graduels. C’est la démarche que nous avons adoptée et qui semble couronnée de succès. “Les Canadiens et Canadiennes sont intéressés à voir leurs dirigeants politiques travailler ensemble pour régler les vrais problèmes qui touchent leur vie. Des questions comme promouvoir les emplois et la croissance, protéger notre environnement, protéger nos programmes sociaux, mettre fin au gaspillage et au double emploi dans l’administration gouvernementale. “Lors des missions commerciales d’Equipe Canada, par exemple, les Canadiens ont vu leurs dirigeants politiques et les milieux d’affaires collaborer étroitement pour promouvoir nos intérêts collectifs - notamment pour ouvrir des marchés et stimuler des investissements qui seront synonymes d’emplois et de prospérité pour tous. “Je crois que c’est cet esprit qui aidera le Canada à entrer fièrement dans le XXIe siècle”.
N.B. Les intertitres sont de la rédaction.
(1) - Cette interview a été accordée avant les élections américaines.
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LE PARCOURS DU TRES HONORABLE JEAN CHRETIEN Né à Shawinigan, au Québec, le 11 janvier 1934, il est le fils de Wellie Chrétien et de Marie Boisvert Chrétien. Après des études de droit à l’Université Laval, il est reçu au Barreau en 1958, entre au service de l’étude Chrétien, Landry Deschênes, Trudel et Normand à Shawinigan. En 1962-1963, il est directeur du Barreau de Trois-Rivières. En 1963, il est élu pour la première fois à la Chambre des communes comme député de Saint-Maurice-Laflèche (Québec). Il y sera réélu en 1965. Ses mandats de député se succèdent. 1968-1986, St-Maurice. 1990-1993, Beauséjour (Nouveau - Brunswick). Depuis 1993, St-Maurice. Affilié au Parti libéral, il est en le chef depuis le 23 juin 1990. De multiples charges ministérielles ont jalonné son parcours: 1965, secrétaire parlementaire du Premier ministre Pearson. 1966, secrétaire parlementaire du ministre des Finances. 1967, ministre d’Etat attaché au ministre des Finances. 1968, ministre du Revenu national. 1968-1974, ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, 1974-1976, président du Conseil du Trésor. 1976-1977, ministre de l’Industrie et du Commerce. 1977-1979, ministre des Finances. 1980-1982, ministre de la Justice et procureur général du Canada., ministre d’Etat au développement social, ministre responsable des négociations constitutionnelles. 1982-1984, ministre de l’Energie, des Mines et des Ressources. 1984, vice-Premier ministre et secrétaire d’Etat aux Affaires extérieures. Premier ministre depuis le 25 octobre 1993, Jean Chrétien a épousé Aline Chaïné, originaire de Shawinigan, le 10 septembre 1957. Ensemble, ils ont trois enfants: France, Hubert et Michel. Parmi les réalisations de Jean Chrétien: Il a enchâssé la Charte canadienne des droits et libertés dans “la loi constitutionnelle de 1982” et nommé la première femme, Bertha Wilson, à un poste de juge à la Cour suprême du Canada, en 1982. |