MAC HARB

Mac Harb: «Le Canada sera le dernier pays industriel à éliminer les services sociaux».

DEPUTE D’OTTAWA CENTRE

“PLUS ON OUVRE DE PORTES ENTRE LE CANADA ET LE LIBAN ET MIEUX CELA VAUT POUR LE CANADA ET POUR LE LIBAN”

D’une vitalité débordante, cueillant la vie et le labeur à pleines mains, Mac Harb est l’une de ces figures que l’on n’oublie pas. Député d’Ottawa centre, il a été nommé le 26 juillet dernier, par le ministre des Affaires étrangères Lloyd Axworthy, président du “groupe de liaison et de consultation pour seconder le Canada dans ses efforts de reconstruction du Liban”. Depuis qu’il est venu au Canada en 1973, à l’âge de 19 ans, pour étudier le génie électrique à l’Université d’Ottawa et obtenir en 1979 une maîtrise dans la même branche, ce fils de Baalbeck n’a pas cessé de cumuler les responsabilités.

Surpris par la guerre du Liban et demeuré sur place pour soutenir les siens, il a commencé à travailler pendant trois ans pour Northern Telecom. De là, il a viré à l’enseignement de l’électronique et des communications dans un collège pendant encore trois ans. “J’ai écrit un livre “Téléphonie”. Puis, je me suis lancé dans la vie politique.” Pourquoi? Dans un accent bien à lui, libano-anglo-franco-canadien, Mac Harb, direct, cordial, sympathique, rencontré au Centre Block du parlement d’Ottawa, répond à cette question et à toutes celles qu’elle entraîne.

“JE ME SUIS TOUJOURS INTERESSE A LA POLITIQUE”

“Ce qui m’a amené à la vie politique? La curiosité. Et aussi, je pense l’intérêt qui est au cœur de chaque Libanais. C’est quelque chose qui vient avec la culture libanaise que ce soit au Liban, ici ou ailleurs. Je me suis toujours intéressé à la politique. Une opportunité s’est présentée dans la ville d’Ottawa. Et c’est là où j’ai débuté en 1985 comme conseiller municipal et maire suppléant. En 1988, je me suis présenté au niveau fédéral et j’ai été élu député à la Chambre des communes. “Je suis membre du Parti libéral depuis les années 75. Pourquoi? Parce que c’est le parti du peuple, de la classe moyenne, des travailleurs du Canada. “En 1993, j’étais réélu pour la seconde fois à la Chambre des commues.”

- Et qui représentez-vous?

“Un quartier du centre-ville d’Ottawa. C’est là où se situe le parlement. C’est un quartier très intéressant, vraiment multiculturel. On y rencontre toutes les nationalités comme aux Nations unies: Chinois, Canadiens, Libano-Canadiens, Italiens, Vietnamiens etc... Un niveau de vie et d’éducation qui est l’un des plus élevés du Canada. Ce qui signifie que les gens du quartier sont très policés, mais également exigeants. C’est pour moi un honneur que de les servir depuis neuf ans. “La différence entre la politique telle qu’on la pratique ici et ailleurs dans le monde, c’est que nous sommes les serviteurs de la population. Si nous manquons à nos obligations, nous ne sommes pas réélus au bout de quatre ans.”

- Avez-vous collaboré avec le Premier ministre Jean Chrétien dès le début?

“J’ai toujours été un ami de Jean Chrétien, avant qu’il soit leader du Parti libéral et Premier ministre. Nous étions de bons amis depuis les années 1982-1983. Je l’ai appuyé lorsqu’il s’est présenté en 1984 pour être chef du parti. Hélas! il n’a pas réussi. Mais fort heureusement, il a été élu en 1990. D’après moi, c’est le meilleur Premier ministre que le pays a eu depuis longtemps. Il est extraordinaire, proche des gens, très honnête et très sympathique. Et il travaille beaucoup.”

- Est-ce que vous êtes marié?

“Non. Je suis marié à la vie politique qui exige beaucoup de temps et de responsabilités”.

LES DIFFERENTS DOSSIERS

- Au sein du parlement qui comprend 295 députés, vous avez aidé à la création d’un groupe d’amitié libano-canadienne.

“C’est le sénateur De Bané qui l’a créé et je l’ai appuyé. C’est un homme extraordinaire et très chaleureux, beaucoup plus libanais que les Libanais. Arrivé ici très jeune, il porte le Liban dans son cœur et dans sa tête. J’ai beaucoup d’amitié pour lui.” - Où en êtes-vous au niveau des réalisations? “Nous avons travaillé pour assurer la réouverture de l’ambassade canadienne au Liban. Nous sommes penchés actuellement sur un deuxième dossier: celui de la MEA afin d’ouvrir une route aérienne entre les deux pays. C’est dans l’intérêt du Canada et du Liban. Jusqu’à ce jour, les résultats sont assez positifs. Je ne peux pas fixer de date, mais j’espère que la MEA pourra joindre le Canada dans les plus brefs délais.”

- Le troisième dossier?

“Nous travaillons, aussi, en vue d’assurer une assistance technique au Liban pendant ces temps difficiles. Je dis toujours que le Liban a besoin de commerce, d’opportunités pour vendre ses marchandises et non point d’assistance humanitaire. Plus on ouvre de portes entre le Canada et le Liban et mieux cela vaut pour les deux pays. C’est pour cette raison que notre ambassadeur au Liban est très actif. Il travaille pour accroître les échanges commerciaux”.

- Le gouvernement canadien vous a-t-il confié des responsabilités précises?

“Il m’a demandé de l’assister auprès des entrepreneurs, des hommes d’affaires canadiens pour les encourager à investir au Liban. Nous avons formé un comité de plusieurs entreprises canadiennes multinationales. Et j’espère que nous parviendrons à court terme à atteindre nos objectifs. “De plus, nous avons toujours des dossiers qui intéressent le Canada et le Liban et sur lesquels nous travaillons.”

- Avez-vous des contacts avec la communauté libanaise?

“De temps en temps. J’aimerais en avoir davantage. Mais malheureusement, les quartiers que je représente ne comptent pas beaucoup de Libanais. Parmi eux, il existe quand même une centaine de familles canadiennes d’origine libanaise. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est intéressant. Mes collègues dans la région d’Ottawa ont davantage de Canadiens d’origine libanaise. Certains d’entre eux en ont 6 ou 7.000. Ceux que je connais sont assez sympathiques.”

- Est-ce qu’ils restent Libanais?

“Disons qu’ils sont canadiens avec un cœur libanais ou avec des sentiments libanais.”

Mac Harb à Evelyne Perucic-Massoud: «Chaque fois que j’ai eu la chance de visiter le Liban, même pour une journée, je l’ai fait».

SOUVERAINETE, REPRISE ECONOMIQUE

- Que pensez-vous du problème de la souveraineté du Québec?

“Si le Canada arrive à un point où il n’y aura plus de Québec, cela va créer un précédent pour des pays qui vont suivre son exemple. Chacun pourrait se dire: si le meilleur pays au monde est divisible, pourquoi le nôtre ne le serait-il pas? Ce sera très triste pour l’humanité! C’est pourquoi, on se dit: Pourquoi quelqu’un veut-il séparer ou diviser un pays considéré comme le meilleur au monde?”

- Pensez-vous que le Canada est le meilleur pays au monde?

“Ah! oui.”

- Pourquoi?

“Les Nations unies ont déterminé cela cette année encore définissant la qualité de vie à partir des facteurs du développement personnel dans la société, des relations socio-économiques.”

- Les problèmes économiques sont multiples. Les licenciements se poursuivent et le taux de chômage est assez élevé.

“Malheureusement, ils sont nombreux ceux qui ne réussissent pas à trouver d’emplois. Les secteurs qui éprouvent des difficultés touchent la construction, l’immobilier notamment. Ce ne sont pas seulement les individus qui en pâtissent mais la communauté également.”

- Quels sont les secteurs prospères?

“Ceux de la technologie, des textiles, de l’habillement et des automobiles…”

- Et vous affirmez que les résultats économiques sont très performants.

“Ils sont très encourageants. Parce que le Canada, économiquement parlant, est le plus fort de tous les pays industriels. Cela fait deux ans que nous sommes les premiers sur la liste au niveau de la production brute et de la production nationale. Ce qui veut dire que notre économie a atteint de bons scores en comparaison avec celles de la France, de l’Italie, de l’Allemagne, de l’Angleterre, du Japon et même des Etats-Unis. Elle se porte mieux globalement. Les taux d’intérêts sont les plus bas dans les pays industriels ainsi que le taux d’inflation. “Ce qui reste encore décourageant, c’est le taux de chômage très élevé aux alentours de 9,7%.”

- Les problèmes économiques, la politique de compressions budgétaires peuvent-ils remettre en question le welfare?

“Non, le Canada sera le dernier pays industriel à éliminer les services sociaux. Parce que les services sont à la base de son infrastructure.”

- Le taux de chômage pourrait-il baisser?

“Malheureusement, c’est un phénomène internatio-nal. A travers tous les pays du monde, il augmente de temps en temps. Il ne diminue pas».

- Est-il dû à la technologie?

«A la technologie et à la démographie des popula-tions. Aussitôt qu’on a le choix entre un étudiant gradué des universités et un candidat de 45 ou 50 ans, on engage le premier. On va le payer moins. Il disposera de beaucoup plus d’informations fraîches de l’université. Et il aura plus de flexibilité. Ce qui exigera moins d’efforts de la part des compagnies pour l’engager. Au point de vue pension, c’est beau-coup plus facile d’appuyer un jeune que quelqu’un qui est proche de la retraite”.

- Etes-vous retourné au Liban?

“Oui, plusieurs fois. Chaque fois que j’ai eu la chance de visiter le Liban, même pour une journée, je l’ai fait”.

MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES ET DU COMMERCE INTERNATIONAL 26 JUILLET 1996

LE CANADA SOUTIENDRA LA PARTICIPATION DU SECTEUR PRIVE A LA RECONSTRUCTION DU LIBAN

Le ministre des Affaires étrangères, M. Lloyd Axworthy, a annoncé le 26 juillet 1996, la création d’un groupe de liaison et de consultation pour seconder le Canada dans ses efforts de reconstruction du Liban, ainsi que la nomination du député M. Mac Harb à titre de président du groupe. Ce groupe réunira des représentants des secteurs public et privé en vue d’élaborer un plan d’action qui mobilisera la communauté canadienne des affaires pour la reconstruction du Liban. Le groupe relèvera du ministre des Affaires étrangères. «Ce groupe consultatif aidera le Canada à contribuer grandement à la reconstruction du Liban, en plus d’offrir au secteur privé canadien la possibilité d’identifier de nouveaux débouchés dans la région, a déclaré M. Axworthy. Je me réjouis que M. Harb en soit le président, car il apportera ses compétences et sa connaissance personnelle de la région à cette importante initiative.» En outre, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international crééra une base de données sur les projets au Liban, afin de jumeler les capacités canadiennes aux besoins des Libanais. La création sur Internet d’un fichier de nouvelles et d’une page d’accueil sur le Liban, permettra de mieux cerner les occasions d’affaires canado-libanaises. L’engagement du Canada à l’égard de la reconstruction du Liban renforce son soutien de longue date à l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban, conformément à la résolution 425 du Conseil de sécurité des Nations unies et de l’accord de Taëf de 1989. En outre, selon le Canada, la paix et la stabilité pourront régner dans cette région, lorsque le gouvernement libanais aura pleine autorité sur son territoire.