’Quelques
jours aprèa avoir reçu M. Rafic Hariri, le chef de l’Etat
a conféré avec M. Bachar Assad (notre photo) dans le cadre
des concertations libano-syriennes, en prévision d’une éventuelle
reprise des négociations de paix et en vue d’assainir le climat
politique au plan interne. Rien n’a transpiré, officiellement, de
ces rencontres qui n’ont pas empêché M. Walid Joumblatt de
prendre de nouveau à partie le Pouvoir, disant qu’il boycotte Beiteddine
“parce qu’il s’est transformé en caserne” (sic).
Après la franche explication de vendredi dernier entre le chef
de l’Etat et M. Rafic Hariri, le président Emile Lahoud a conféré
longuement avec le Dr Bachar Assad, dont la visite au palais de Baabda
avait pour but, vraisemblement, de calmer le jeu sur la scène libanaise.
Le fils du chef de l’Etat syrien était accompagné du
général Ghazi Kanaan, chef des services de renseignements
des troupes syriennes stationnées en territoire libanais, avec lequel
M. Hariri a déjeuné à l’issue de l’audience présidentielle.
Il est clair que les dirigeants syriens se préoccupent d’assainir
le climat politique (libanais), pour se consacrer aux préparatifs
en rapport avec la relance du processus de paix. On sait que depuis son
départ du Grand Sérail, les relations entre l’ancien Premier
ministre et le Pouvoir n’ont cessé de se détériorer
et ceci a eu pour conséquence d’enveni-mer l’atmosphère au
cours des derniers mois; plus exactement, depuis la formation du “Cabinet
des 16” que le bloc haririen cher-che à discéditer en contestant
la justesse de sa politique économico-financière....
Mais comme on s’en doute, la cabale entretenue, par intermittence,
contre le président Hoss par son prédécesseur et ses
alliés, n’a pas convaincu, étant donné les résultats
très peu édifiants de l’action menée par les trois
gouvernements haririens qui se sont succédé au Sérail
depuis 1992. Il suffit d’évoquer le montant de la dette publique
(et du service de cette dette qui s’élève à plus de
18 milliards de dollars), pour se faire une idée des erreurs commises
au double plan financier et économique au cours des six dernières
années.
Le Pouvoir actuel qui se devait de riposter aux campagnes de ses détracteurs,
n’a pas manqué de critiquer la gestion de la chose publique, au
temps où ces derniers étaient aux postes de commande. Et
de plus, il a poursuivi les proches collaborateurs de M. Hariri, dans le
cadre de son offensive contre la corruption et le gaspillage des
fonds publics.
Damas s’était interdit d’intervenir, jusqu’au moment où
la perspective d’une relance du processus de paix s’est profilée
à l’horizon. Les dirigeants syriens ont estimé, alors, qu’il
devenait impératif de dissiper la tension, en appelant les différentes
parties antagonistes à mettre une sourdine à leurs diatribes.
On peut s’attendre, après la tête-à-tête
Lahoud-Bachar Assad, à une accalmie, d’autant que M. Hariri passe
du bon temps en Sardaigne avec les siens.
Mais il n’est pas impossible que les escarmouches reprennent avant
la rentrée, surtout si le projet de la nouvelle loi électorale
était mis au point dans sa forme définitive avant fin septembre,
comme l’a laissé entendre le ministre de l’Intérieur.
D’ailleurs, l’un des alliés de M. Hariri ne baisse pas le ton.
En effet, M. Walid joumblatt a pris de nouveau à parti le Pouvoir
et mis en garde “contre une éventuelle résiliation de l’accord
de Taëf qui a rétabli un équilibre délicat dans
la participation politico-confessionnelle, car ceci signifiierait l’instauration
d’un régime présidentiel confessionnel, suscep-tible de compromettre
cet équilibre ...Notre régime démocratique serait
ainsi remplacé par un autre que régiraient les services de
renseignements” (sic). |