Un troisième saint libanais en quelques années seulement, cela se fête! Consolation de taille pour les milliers de Libanais qui vivent leur purgatoire sur Terre et rêvent au Ciel. Espoir de voir leur pays émerger, par un miracle, du bourbier où il se trouve... Et preuve que le Liban n’est pas un lieu de perdition, mais le pays de Dieu et le Mal qui y séjourne hélas! de temps en temps, perdra son emprise tôt ou tard.
C’est donc dans une atmosphère de liesse et de piété profonde, que les Libanais ont afflué depuis samedi à Kfifane, à la veille de la canonisation de saint Néemtallah Kassab al-Hardini, pour prier devant sa statue, désormais élevée à la gloire des autels et passer la nuit dans le couvent où il a vécu et où sont conservées ses reliques. Samedi, le R.P., Milad Torbey, supérieur du couvent de Kfifane, a célébré une messe, à minuit, dans l’enceinte du monastère, en présence des fidèles qui avaient participé aux processions de la journée, en provenance de l’église Notre-Dame des Plants (Saydet al-Zourou’h), du couvent Saint-Maron de Annaya où repose Saint Charbel, du couvent Saint Joseph-Jrebta où se trouve le tombeau de Rafqa, du pont Al-Madfoune et des villages environnants. Dans son homélie, il a rappelé que “les moines se saluent entre eux en di-sant “Gloire à Dieu” et cette gloire divine est le but et la fin de la vie monastique, comme de l’engagement des moines, de même que le salut des âmes. Dieu est glorifié chaque fois qu’un moine se plie aux règles et respecte jusqu’au bout les vertus qu’il a choisi de vivre”...

MM. Michel Samaha, Jean Oghassabian et Ghattas Khoury,
représentant respectivement les présidents Lahoud, Berri et Hariri.
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“NOUS N’AURONS PLUS PEUR”
Puis, s’adressant à Dieu, le R.P. Torbey affirme: “Mon Dieu, nous vous disons aujourd’hui que nous n’aurons plus peur; nous ne dé-sespérerons pas; nous ne quitterons pas une terre parfumée, foulée par les saints, nous n’accepterons pas de compromis sur une montagne qui a fondu en prière sous les genoux de Saint Charbel, nous ne renoncerons pas à un sol que Rafqa a transformé en remède; nous ne nous éloignerons pas de la vigne et de l’olivier arrosés à la sueur d’Estéphane; enfin, nous n’abandonnerons pas les couvents et les écoles qui ont été habités par l’âme du maître et du saint. Dieu a choisi notre terre et nous a choisis pour y être à son image et la preuve de sa présence là où nous vivons”.
Le lendemain dimanche, cent mille fidèles se rendaient à Kfifane – dont des dizaines de handicapés assis, certains depuis la veille, sur leurs chai-ses roulantes, en dépit du mauvais temps – pour assister à la messe célébrée par Mgr Roland Abou-Jaoudé, vicaire patriarcal maronite, à l’occasion de la canonisation du Bienheureux Néemtallah qui devenait Saint en ce 16 mai 2004. Le président Lahoud, qui se trouvait, justement, pour cela à Rome, avait dépêché M. Michel Samaha, ministre de l’Information, alors que les présidents Berri et Hariri y étaient respectivement représentés par MM. Jean Oghassabian et Ghattas Khoury, députés. Après la lecture de l’Evangile, Mgr Abou-Jaoudé a, d’abord, exprimé “sa joie et celle de tous les Libanais, de voir un moine libanais maronite élevé à la sainteté. Nous remercions Dieu, a-t-il dit, de sa grande générosité à l’égard de son petit peuple qui ne dépasse pas au Liban un million d’habitants, dont il choisit trois pour les proclamer saints”.
Des handicapés sur leurs chaises roulantes.
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Des fidèles se recueillant
sur le tombeau du Saint.
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VIE EXEMPLAIRE
Puis, Mgr Abou-Jaoudé rappelle la vie exemplaire de Saint Néemtallah, faite de prière et de don de soi, de fusion conti-nuelle avec Dieu. “Néemtallah Kassab al-Hardini montre aux moines et aux religieuses la voie de la sainteté. Il apprend, aussi, à l’homme d’aujourd’hui comment atteindre la perfection et la sainteté par son action quotidienne. Et, comme Saint Pierre nous l’avait dit dans sa première Lettre: Tout comme Celui qui vous appelle est saint, soyez vous-mêmes saints dans votre conduite”, a-t-il conclu. Après la messe, les fidèles ont pu suivre sur un écran géant placé dans la cour du couvent la cérémonie de canonisation retransmise du Vatican.
Par ailleurs, à Zahlé, également, Mgr André Haddad, évêque grec-catholique, a célébré la messe et déclaré dans son homélie: “Le Liban est une terre sainte et une patrie qui a un message à délivrer; préservons-le”.
De même, Mgr Youssef Melki, vicaire patriarcal de la communauté syriaque-catholique, a célébré l’office divin et prononcé une homélie dans laquelle il a relevé la simplicité et la traditionnalité de la vie du nouveau saint, sa vie en communauté et non en ermitage, son action quotidienne et son travail.
“Ce qui est, a-t-il dit, à la portée de tout chrétien, à condition qu’il soit fidèle à son devoir et accomplisse son œuvre pour l’amour de Dieu”.
Partout au Liban, des solennités ont eu lieu, notamment à Hardine, village natal de Néemtallah Kassab, où une procession de la famille Kassab s’est rendue à la maison du saint, avant d’assister à la messe avec les habitants et de suivre la canonisation à partir de Rome.
A Tannourine, village natal de la mère du saint, les villageois se sont réunis dans l’église Notre-Dame de l’Assomption, avant de suivre la messe de Rome. Au couvent Mar Antonios Kozhaya, à Ehden, les prières ont été récitées dans ce lieu (où a longtemps vécu et enseigné saint Néemtallah), en présence d’une foule venue de toutes les régions du Nord.
Nous ne dirons jamais assez “merci” à ces hommes ordinaires au départ qui, par leur vie exemplaire se rapprochent de Dieu, approfondissent tous les jours notre foi en Lui pour nous redonner espoir et dignité. |